egypt.edu : civilisation de l’Égypte ancienne et contemporaine Alain Zivie, note Les tombeaux retrouvés

de lecture de Saqqara. 6novembre 2003

Alain Zivie, Les tombeaux retrouvés de Saqqara, photographies de Patrick Chapuis, collection Champollion, Paris, éditions du Rocher, 2003, ISBN 2 268 04479 3, 157 pages et 56 photographies. Formé à l’école pratique des Hautes Études et à l’université de Paris-La Sorbonne, et ancien pensionnaire de l’institut français d’Archéologie orientale du Caire, l’égyptologue Alain Zivie est directeur de recherches au CNRS (UMR 8567, centre Louis-Grenet de recherches comparées sur les sociétés anciennes). Ces recherches sont consacrées pour l’essentiel à la fin de la XVIIIe dynastie, particulièrement à la période amarnienne 1, période de grave crise politico-religieuse, de rupture profonde, voulue et poursuivie par Amenhotep IV-Akhénaton 2. Depuis 1986, il dirige les travaux de terrain de la mission archéologique française de Bubastéion à Saqqara qui lui ont permis de révéler le rôle majeur de Saqqara au Nouvel Empire. La falaise du Bubastéion à Saqqara abrite un sanctuaire tardif dédié à la déesse Bastet et un cimetière de chats momifiés 3. Déjà attesté au Nouvel Empire, le sanctuaire de Sekhmet-Bastet se développe à l’époque tardive 4. C’est aussi là que se trouvent les sépultures de hauts personnages de la fin de la XVIIIe dynastie 5, au voisinage du vizir Aper-El (Bubastéion, tombe I, 1). Le présent ouvrage — aux textes d’Alain Zivie et aux photographies de Patrick Chapuis — est, en quelque sorte, un « journal de fouille ». Après le prologue, les remerciements et les textes de présentation du Nouvel Empire, du Bubastéion et des principales tombes (p. 18-28), le récit illustré commence par un sondage (p. 32-33) comme si nous assistions aux avancées progressives d’une fouille archéologique. Au Bubastéion se trouve la fameuse tombe — commencée sous Amenhotep III, poursuivie durant la période amarnienne et achevée au début de la XIXe dynastie 6 — du vizir Aper-El, de son épouse Taouret et de leur fils, le général en chef Houy (p. 36-60) qui ont vécu sous le règne d’Amenhotep III. Ces personnages n’étaient pas connus avant la découverte de leur tombe, repérée en 1979 et dont les fouilles ont seulement été achevées en 1989, en raison des dimensions de la sépulture. En effet, celle-ci se développe sur 20 mètres de profondeur et possède quatre niveaux. Le programme iconographique montre, quant à lui, une permanence des thèmes décoratifs et des traditions funéraires et révèle une pérennité des pratiques osiriennes à la période amarnienne. Une autre sépulture de première importance est évoquée : celle de Maïa, la nourrice du prince Toutankhamon (Bubastéion I, 20 ; p. 82-119). Mise au jour en 1996, elle est située à proximité de la tombe des peintres Djéhoutymès (ou Thoutmès) et Qen (Bubastéion I, 19), datée du règne d’Amenhotep III. Le titre de « nourrice royale » et les épithètes « qui a nourri le corps de dieu » et « grande favorisée du dieu parfait » portés par Maïa, confirment le statut extrêmement important du personnage. Là encore, les traditions funéraires osiriennes sont encore prépondérantes. 1 La période amarnienne est située entre la fin du règne d’Amenhotep III et les régnes de Toutankhamon et Aï. 2 Notons qu’Alain Zivie a traduit et présenté l’ouvrage de Cyril Aldred, Akhenaton, Roi d’Égypte, Paris, éd. Le Seuil, 1997 à la lumière des données les plus récentes. 3 Nom grec donné au temenos — ou enceinte sacrée — dédié à la déesse Bastet, en raison de la présence sur le site de catacombes tardives de chats momifiés, dédiés à Bastet. Le Bubastéion était non seulement un lieu de culte mais aussi de pélerinage. 4 Sekhmet « la puissante », déesse léonine va s’apaiser au fur et à mesure que s’intensifie la domestication du chat et devient alors Bastet, déesse protectrice. 5 En égyptien, le lieu s’appelait Ankh-taouy (ênÅ tæ wy), « Que vive le Double pays ». 6 Ceci est aussi valable pour les propriétaires d’autres tombes découvertes par la mission.

www.egypt.edu La tombe de Nétchérouymès est enfin abordée (Bubastéion I, 16 ; p. 124-141). Ce haut dignitaire de Ramsès II était grand intendant de Memphis, directeur de tous les travaux, directeur du trésor et « envoyé royal », c’est-à-dire, en quelque sorte, ambassadeur itinérant. Nétchérouymès fut peut-être l’un des trois émissaires envoyés à Hatoussa en Anatolie et chargés par Ramès II de négocier la paix avec les Hittites 7 . En décembre 2000, un remarquable groupe statuaire représentant la déesse Hathor sous la forme de vache protégeant le Ramsès II fut découvert dans la chapelle funéraire de Nétchérouymès. L’épilogue annonce déjà la suite de l’aventure : la poursuite des travaux sur ces sépultures du Nouvel Empire qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Le soin apporté aux textes et leur qualité littéraire viennent souligner les très belles photographies de Patrick Chapuis présentant les moments forts des découvertes. En marge de la publication purement scientifique, ce livre est un moment de partage oò le lecteur comprend ce qu’est l’archéologie en Égypte. Aminata Sackho-Autissier 7 Il s’agit du traité de paix de l’an 21 de Ramsès II.

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egypt.edu: civilisation de l'egypte ancienne et contemporaine alain zivie, note les tombeaux retrouves

de lecture de saqqara. 6novembre 2003

alain zivie, les tombeaux retrouves de saqqara, photographies de patrick chapuis, collection champollion, paris, editions du rocher, 2003, isbn 2 268 04479 3, 157 pages et 56 photographies. forme a l'ecole pratique des hautes etudes et a l'universite de paris-la sorbonne, et ancien pensionnaire de l'institut francais d'archeologie orientale du caire, l'egyptologue alain zivie est directeur de recherches au cnrs (umr 8567, centre louis-grenet de recherches comparees sur les societes anciennes). ces recherches sont consacrees pour l'essentiel a la fin de la xviiie dynastie, particulierement a la periode amarnienne 1, periode de grave crise politico-religieuse, de rupture profonde, voulue et poursuivie par amenhotep iv-akhenaton 2. depuis 1986, il dirige les travaux de terrain de la mission archeologique francaise de bubasteion a saqqara qui lui ont permis de reveler le role majeur de saqqara au nouvel empire. la falaise du bubasteion a saqqara abrite un sanctuaire tardif dedie a la deesse bastet et un cimetiere de chats momifies 3. deja atteste au nouvel empire, le sanctuaire de sekhmet-bastet se developpe a l'epoque tardive 4. c'est aussi la que se trouvent les sepultures de hauts personnages de la fin de la xviiie dynastie 5, au voisinage du vizir aper-el (bubasteion, tombe i, 1). le present ouvrage - aux textes d'alain zivie et aux photographies de patrick chapuis - est, en quelque sorte, un "journal de fouille". apres le prologue, les remerciements et les textes de presentation du nouvel empire, du bubasteion et des principales tombes (p. 18-28), le recit illustre commence par un sondage (p. 32-33) comme si nous assistions aux avancees progressives d'une fouille archeologique. au bubasteion se trouve la fameuse tombe - commencee sous amenhotep iii, poursuivie durant la periode amarnienne et achevee au debut de la xixe dynastie 6 - du vizir aper-el, de son epouse taouret et de leur fils, le general en chef houy (p. 36-60) qui ont vecu sous le regne d'amenhotep iii. ces personnages n'etaient pas connus avant la decouverte de leur tombe, reperee en 1979 et dont les fouilles ont seulement ete achevees en 1989, en raison des dimensions de la sepulture. en effet, celle-ci se developpe sur 20 metres de profondeur et possede quatre niveaux. le programme iconographique montre, quant a lui, une permanence des themes decoratifs et des traditions funeraires et revele une perennite des pratiques osiriennes a la periode amarnienne. une autre sepulture de premiere importance est evoquee: celle de maia, la nourrice du prince toutankhamon (bubasteion i, 20; p. 82-119). mise au jour en 1996, elle est situee a proximite de la tombe des peintres djehoutymes (ou thoutmes) et qen (bubasteion i, 19), datee du regne d'amenhotep iii. le titre de "nourrice royale" et les epithetes "qui a nourri le corps de dieu" et "grande favorisee du dieu parfait" portes par maia, confirment le statut extremement important du personnage. la encore, les traditions funeraires osiriennes sont encore preponderantes. 1 la periode amarnienne est situee entre la fin du regne d'amenhotep iii et les regnes de toutankhamon et ai. 2 notons qu'alain zivie a traduit et presente l'ouvrage de cyril aldred, akhenaton, roi d'egypte, paris, ed. le seuil, 1997 a la lumiere des donnees les plus recentes. 3 nom grec donne au temenos - ou enceinte sacree - dedie a la deesse bastet, en raison de la presence sur le site de catacombes tardives de chats momifies, dedies a bastet. le bubasteion etait non seulement un lieu de culte mais aussi de pelerinage. 4 sekhmet "la puissante", deesse leonine va s'apaiser au fur et a mesure que s'intensifie la domestication du chat et devient alors bastet, deesse protectrice. 5 en egyptien, le lieu s'appelait ankh-taouy (enÅ tae wy), "que vive le double pays". 6 ceci est aussi valable pour les proprietaires d'autres tombes decouvertes par la mission.

www.egypt.edu la tombe de netcherouymes est enfin abordee (bubasteion i, 16; p. 124-141). ce haut dignitaire de ramses ii etait grand intendant de memphis, directeur de tous les travaux, directeur du tresor et "envoye royal", c'est-a-dire, en quelque sorte, ambassadeur itinerant. netcherouymes fut peut-etre l'un des trois emissaires envoyes a hatoussa en anatolie et charges par rames ii de negocier la paix avec les hittites 7 . en decembre 2000, un remarquable groupe statuaire representant la deesse hathor sous la forme de vache protegeant le ramses ii fut decouvert dans la chapelle funeraire de netcherouymes. l'epilogue annonce deja la suite de l'aventure: la poursuite des travaux sur ces sepultures du nouvel empire qui n'ont pas encore livre tous leurs secrets. le soin apporte aux textes et leur qualite litteraire viennent souligner les tres belles photographies de patrick chapuis presentant les moments forts des decouvertes. en marge de la publication purement scientifique, ce livre est un moment de partage ou le lecteur comprend ce qu'est l'archeologie en egypte. aminata sackho-autissier 7 il s'agit du traite de paix de l'an 21 de ramses ii.

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